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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/31

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le crépuscule des dieux

Il s’assit, mettant à sa droite le comte Otto, et à sa gauche, Christiane et la petite Claribel. Une profusion de lumières éclairaient la salle dorée. Partout les pierreries, le satin, la parure éclataient avec somptuosité. Les diamants dardaient des feux ; les éventails peints s’agitaient ; force rubans orange ou bleu céleste, qui sont de l’ordre des Guelfes et du Cheval-Blanc, coupaient les uniformes noirs ; et les cordons de femmes au premier rang des loges, demi-nues, parées, les cheveux hauts, y faisaient sur tout le pourtour, une montre de gorges, d’épaules et de chairs superbes étalées. C’était alors la mode des volants, des gazes pailletées d’argent, des écharpes de violettes et de myosotis ; des chaînes de feuillage suspendaient à la taille un petit miroir Renaissance ; beaucoup de femmes tenaient en main des bouquets de camélias ; et les quatre rangées de loges, toutes chatoyantes de couleurs tendres, et pareilles en symétrie, montaient ainsi jusqu’au plafond, blanc et rose, où se voyait un Apollon au milieu de grands corps de déesses. La fable courait à la cour, que le dieu, dans sa nudité, était peint au vif, d’après le duc Charles.

L’hymne cessa ; le vieux Rummel, maître de chapelle de Son Altesse, quitta le pupitre discrètement, se coula dans un coin de l’orchestre, où il était à peine établi, qu’une porte basse s’ouvrit, à gauche du proscenium. Wagner parut.