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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/44

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le crépuscule des dieux

était tout ce qui subsistait de l’ancien jardin flamand. La compagnie s’y assembla, tandis que Christiane avec Claribel, endossait à la hâte un costume de voyage ; et le Duc se mit à souper à fond : quatre potages, entrées, perdrix et faisans comme rôts. Il avait recouvré toute sa gaieté, bouffonnant, riant à pleine gorge, et si badin qu’il prit plaisir, voyant apparaître Arcangeli, à l’envoyer considérer les « bêtes » du Labyrinthe. Ce sont des curiosités d’eau qui inondent les visiteurs. De l’eau leur part sous les pieds ; une pluie traîtresse leur tombe d’oiseaux factices postés sur les arbres ; et d’autres jets qui se croisent à bouillons, mouillent jusqu’aux os les imprudents, en sorte que l’Italien se présenta tout ruisselant, mais sérieux comme un augure, au milieu des rires éclatants de Son Altesse.

— Parfait ! parfait ! put dire enfin le Duc : je n’ai jamais vu un gaillard aussi délicieux que toi.

Et, coupant court d’un geste à ses démonstrations :

— Eh bien ! parle ! voyons, que veux-tu ?

Sur quoi le maraud expliqua qu’il y avait là des gens d’apparence grave, qui demandaient à être admis près de Son Altesse Sérénissime, les notables en députation, disaient-ils, et le bourgmestre de Blankenbourg.

Les jurons et les invectives commencèrent dès avant qu’il n’eût achevé, et voilà le Duc debout, tempêtant, les assiettes volant de toutes parts, la