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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/48

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le crépuscule des dieux

tège, attelée de six vigoureux chevaux. M. Smithson lui en remit la clef, et Son Altesse ouvrant le volet d’une des portières, y passa le coup d’œil du maître. Une lampe de bronze suspendue en éclairait l’intérieur, entièrement matelassé d’un satin bouton d’or broché de fleurs noires, et qui contenait un lit, un dressoir, une table à coulisses, un divan et un coffre-fort. Il y avait plus de huit années que Son Altesse n’avait mis le pied dans un wagon de chemin de fer, passant sur les incommodités sans nombre, par la terreur d’un accident.

— La cassette aux diamants est-elle dans le coffre-fort ?

— Son Altesse Sérénissime peut s’en assurer, dit M. Smithson.

— Alors tout est bien, en avant !

Mais dans l’instant qu’il détournait la tête, le Duc aperçut qui marchaient à lui, le bourgmestre de Blankenbourg, escorté des principaux notables. Ils s’étaient obstinés à attendre, malgré le refus d’audience, et s’en venaient représenter à Charles d’Este l’effet certain de découragement, d’abandonnement au vainqueur que sa fuite allait produire. La voix en défaillit au Duc ; une si excessive furie qu’elle lui suspendit tous les sens, le fit trembler de la tête aux pieds ; et éclatant enfin, d’un geste et d’un accent à épouvanter :

— Ah ! triples traîtres ! hurla-t-il. Hildemar ! les dogues de Cuba ! lâche-les sur cette canaille !