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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/57

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le crépuscule des dieux

son lit, et Arcangeli près de lui, le veillant, sans dire mot. Dès le lendemain cependant, quelque espoir lui était revenu, et il pensa faire merveilles en envoyant le baron de Cramm comme plénipotentiaire auprès du cabinet de Berlin. Le vide de la commission s’accordait bien au ridicule du personnage : les instructions étaient de se soumettre, de baiser les bottes du vainqueur, de protester d’un dévouement inaltérable pour l’avenir. Et ce sur quoi le Duc comptait, c’était sur une lettre autographe qu’il adressait au comte de Bismarck, lui, Charles Ier d’Este-Blankenbourg, chef de la maison des Guelfes.

Il avait pensé tout d’abord, à la place de ce fantoche, envoyer l’un de ses fils aînés. Il craignit de les émanciper s’il les sortait de leur néant, et peut-être même qu’ils ne fissent effort dans le naufrage qui menaçait, pour sauver leur petite barque. Puis il n’aimait guère Hans Ulric, et Franz, grandi au milieu des jupes, haïssait la peine et les affaires. Sa mère, aussi faible que lui, l’avait toujours tenu auprès d’elle, et élevé conséquemment dans la croyance catholique, — le seul des enfants de Charles d’Este, qui ne fût pas du culte luthérien. Ce n’est pas que sa religion, restreinte surtout aux agnus et aux bénédictions du Saint-Père, empêchât à la bonne Augusta la galanterie et les plaisirs. Magnifique et désordonnée, ainsi qu’il apparaissait