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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/68

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le crépuscule des dieux

— Ne vous servez donc plus d’extrait d’œillet, reprit-il. Je ne puis souffrir cette odeur ; allons, adieu, ma chère ; avant trois jours, votre appartement sera prêt.

Il ne fit, pendant le trajet, que rire dans sa barbe, et se moquer à part soi, du bon tour qu’il jouait à ces badauds de Parisiens. Que de bruit, que de conjectures sur cette disparition de la Belcredi ! Il avait fallu cette idée, et je ne sais quelle jalousie de despote contre le public, pour tirer le Duc de son apathie. Il fut frappé en arrivant, du désordre et de la confusion, et de la dispersion des valets à son approche.

— Quoi ? qu’est-il donc arrivé ?

Et comme Karl balbutiait des mots sans suite, le Duc s’élança vers son appartement, redoutant quelque horrible malheur : César malade, ou la perruche morte. Tous ses enfants y étaient réunis, épars, assis et debout, et même Augusta, les yeux pleins de larmes, qui coulaient de temps en temps. Le comte Franz tenait en main une lettre que, d’un mouvement instinctif, il voulut cacher, quand son père entra.

— Donnez ! dit le Duc, et il lut.

La longue dépêche du comte d’Œls contenait le texte du traité conclu entre la Prusse et le Blankenbourg. Le prince Wilhelm était nommé duc, ou, pour parler diplomatiquement, invité à vouloir bien se charger du gouvernement du duché.