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L’HÔTEL DE MADAME ÉLISABETH
(HÔTEL GUÉRIN)





La mise en vente de la magnifique habitation de M. Guérin appelle l’attention sur cette belle et vaste propriété, une des plus importantes de Fontainebleau, quoiqu’elle ne soit pas d’une bien grande ancienneté. Les souvenirs qui en attribuent la fondation à Madame Élisabeth sont toujours assez vagues. Continuons cependant, si on le veut bien, pour respecter une tradition accreditée ici, à lui donner le nom de la princesse qui paraît avoir songé à la création de cette propriété, dont elle n’a pas joui.

Nous lisons, en effet, dans le livre publié par la comtesse d’Armaillé[1] :

« Madame Élisabeth conservait un si doulouroux souvenir des derniers jours qu’elle avait passés à Versailles, que sans vouloir abandonner complètement Montreuil, elle songeait à se créer une autre retraite à Fontainebleau. En plusieurs occasions, la population de cette ville avait témoigné du respect et de l’attachement à la famille royale. Dès l’année 1787, Madame Élisabeth avait désiré posséder une maison de retraite près de la forêt, et Dassy, médecin de la Cour et ami de Le Monnier, s’était secrètement occupé de cette acquisition. En 1780, l’habitation était choisie et les travaux avancés. Madame Élisabeth avait dessiné les sujets de la corniche et commandé ceux des boiseries du salon. Dans le parc, une allée de tilleuls, semblable à celle de Montreuil, conduisait à une grille de laquelle on découvrait un bel horizon de verdure, et l’écusson de France ornait déjà les pierres du puits du jardin[2]. Mais les décrets de l’Assemblée sur les finances, la création des assignats, révélation de l’épuisement complet de la source des recettes, ne pouvaiont permettre à Madame Élisabeth de réaliser son projet. Elle dut l’abandonner et céder à Dassy la propriété entière. Fontainebleau conserve encore le

  1. Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI. — Paris, librairie académique Perrin, 1886
  2. Ce puits existe encore ; il a été enterré presque jusqu’à la margelle, dans les travaux de terrassement, mais il est bien conservé. L’armature en fer à laquelle est adaptée la poulie toujours en place, est surmontée d’un panier à jour, en belle ferronnerie au marteau, d’où s’élève un riche bouquet de paquerettes et lys.