Page:Bourget, Poésies 1872-1876.djvu/63

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Mais vous m’êtes meilleure en songe qu’autrefois
En songe votre bouche est douce et peu cruelle.
Vous laissez s’appuyer mes lèvres sur vos doigts,
Et vous dites des mots dont la musique est telle
Que je reste éperdu d’entendre votre voix.

C’est de là que me vient cette gaîté sans causes,
Cette facilité de me laisser charmer.
— Mais que demeure-t-il des clairs nuages roses ?
Ils palissent, le jour s’élève et vient semer
Son triste ennui banal et ses clartés moroses. —

Et que demeure-t-il de ce beau songe clair ?
Le beau songe d’amour laisse mon cœur plus vide,
Et je rentre. — Les cris des marchands fendent l’air,
Les lourds nuages gris courent au ciel livide,
Et Paris se réveille avec ses bruits d’enfer.