Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/102

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qu’une comparaison démoralisante s’établissait dans l’esprit d’Hubert entre les sévérités de la famille et les caressantes délices de l’affection choisie.

La mère, épuisée par une inquiétude continuelle, était à bout de forces, quand un événement inattendu, quoique facile à prévoir, mit davantage encore en saillie l’antagonisme qui la faisait se heurter sans cesse contre son fils. On était dans la semaine sainte. Elle avait compté sur la confession et la communion d’Hubert pour hasarder une tentative suprême et le décider à rompre des relations qu’elle jugeait encore incomplètement coupables, mais si dangereuses. Il ne pouvait pas entrer dans sa tête de fervente chrétienne que son fils manquât au devoir pascal. Aussi n’avait-elle aucun doute sur sa réponse, en lui demandant, à un moment où ils se trouvaient seuls :

— « Quel jour feras-tu tes pâques cette année ? »

— « Maman, » répondit Hubert avec un sensible embarras « je vous demande pardon du chagrin que je vais vous causer. Il faut que je vous l’avoue cependant, des doutes me sont venus, et, en toute conscience, je ne crois pas pouvoir m’approcher de la Sainte Table. »