Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/121

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plus fortement sur le cœur d’Hubert que son amour à elle, qu’elle sentait pourtant infini ! Elle continua, en secouant sa tête blanchie, que la rêverie avait tant lassée : « Et c’est pour une pareille femme qu’il nous a torturées ?… Ah ! maman, lorsqu’il comparera ce qu’il a sacrifié et ce qu’il a préféré, il ne se comprendra plus lui-même. » Et, tendant la main à George : « Merci, mon cousin, » fit-elle, « vous m’avez sauvée. Si cette horrible aventure avait duré, je serais morte. »

— « Hélas ! ma pauvre fille, » dit Mme Castel en lui caressant les cheveux, « ne te nourris pas de vaines espérances. Si Hubert l’a aimée, il l’aime encore. Rien n’est changé. Il n’y a qu’une mauvaise action de plus, commise par cette femme, et elle doit y être habituée… »

— « Vous croyez donc qu’il ne saura pas tout cela ? » dit Marie-Alice en se redressant. « Mais je serais la dernière des dernières si je n’ouvrais pas les yeux à ce misérable enfant. Tant que j’ai cru qu’elle l’aimait, je pouvais me taire. Si coupable que fût cet amour, c’était de la passion encore, quelque chose de sincère après tout, d’égaré, mais d’exalté… Maintenant, de quel nom appelez-vous ces vilenies-là ? »

— « Soyez prudente, ma cousine, » fit George Liauran,