Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/140

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était demeuré comme épouvanté, puis elle lui avait répondu : « Il y avait si longtemps que je n’avais goûté tes baisers. Ils me sont si doux qu’ils me font mal. Mais c’est un cher mal !… » avait-elle ajouté en l’attirant sur son cœur et en le berçant entre ses bras. Ce désespoir ne s’était pourtant dissipé entièrement ni le lendemain ni durant les semaines suivantes, qu’elle avait passées dans une maison de campagne des environs de Paris, chez une de ses amies qu’Hubert connaissait. Il était allé pour l’y voir, et il l’avait trouvée plus silencieuse que jamais, et par instants presque morne. Elle était revenue à Paris dans le même état, le visage un peu altéré ; mais il avait attribué ce changement à un malaise physique. Une subite et nouvelle association d’idées lui faisait se dire maintenant : « Si c’était un remords ?… Quel remords ?… Mais de cette infamie… » Il se leva, sortit du café, reprit sa marche et secoua cette affreuse hypothèse. « Insensé que je suis ! » pensa-t-il. » Si elle m’avait trompé, c’est qu’elle ne m’aimerait pas, et quel motif aurait-elle alors de me mentir ?… » Cette objection, qui lui parut irréfutable, chassa le soupçon pour quelques minutes. Puis le soupçon revint, — comme il revient toujours. « Mais qui est ce comte de La Croix-Firmin ? M’en a-t-elle jamais parlé ? » se