Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/187

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ses forces de regretter les actions auxquelles Thérèse, sa Thérèse, était mêlée. Oui, il l’avait idolâtrée avec une ferveur sans défaillance, et c’était son premier amour, et ce serait le dernier, du moins il le croyait ainsi, et il lui avait montré cette confiance dans la durée de leur sentiment avec une ingénuité sans calcul. Rien de tout cela n’avait eu sur elle assez d’influence pour l’arrêter au moment de commettre son infamie, —avec le même corps ! Il en respirait l’arôme subitement, il en retrouvait l’impression sur tout son être ; puis c’était une résurrection de la jalousie, douloureuse jusqu’à la torture, et toujours il reprenait le « pourquoi ? pourquoi ? », désespéré, lui, chétif, après tant d’autres, de se heurter à cette énigme funeste qu’est l’âme de la femme, coupable une fois, coupable deux fois, coupable jusqu’aux cheveux blancs, jusqu’à la mort. Cette nouvelle forme de chagrin dura des jours encore et des jours. Le jeune homme donnait plein accès en lui à un sentiment nouveau qu’il n’avait jamais soupçonné jusque-là, qu’il devait toujours subir désormais, — la défiance. Il avait vécu depuis ses premières années dans une foi complète aux apparences qui l’entouraient. Il avait cru en sa mère. Il avait cru en ses amis. Il avait cru à la sincérité de toutes les paroles et de