Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/216

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qui le tue… » Et il continuait, soulageant son âme de sa douleur de tant de jours avec tout ce que la colère lui fournissait de paroles cruelles pour cette femme, qui l’écoutait les paupières baissées, le visage décomposé, effrayante de pâleur dans l’ombre où résonnait cette voix pour elle terrible. Ne lui infligeait-il pas, rien qu’en obéissant à sa passion, le plus torturant des supplices : celui de saigner devant elle d’une blessure qu’elle lui avait faite et qu’elle ne pouvait guérir ?

— « Frappez-moi ! » répondit-elle simplement, « j’ai tout mérité. »

— « Ce sont là des phrases, » dit Hubert après un nouveau silence, durant lequel il avait marché d’un bout à l’autre de la pièce pour user sa fureur. « Venons aux faits. Il faut que cette entrevue ait une conclusion pratique. Nous devons nous revoir dans le monde et chez vous. Mon absence des maisons où je vous ai connue ne peut plus s’expliquer, comme je l’ai expliquée, par un petit voyage. Ai-je besoin de vous dire que je me conduirai comme un honnête homme et que personne ne soupçonnera rien de ce qui a pu se passer entre nous ? Il reste la question de cet appartement. Je vais écrire à Deroy pour le prévenir que je n’y viendrai plus. Il est inutile que nous nous retrouvions ici. Nous n’avons plus rien à nous dire. »