Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/219

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pardonné à Thérèse, et il n’avait pu lui résister ; mais, par cela même, il avait à jamais perdu le droit de lui reprocher sa trahison. Et puis, l’aurait-il eu de nouveau, ce droit, comment en user ? Il y avait dans les caresses de cette femme un ensorcellement trop fort. Il devina qu’il allait le subir à partir de ce jour, et que c’en était fait de son rêve. Il avait aimé cette femme du plus sublime amour ; elle le tenait maintenant par ce qu’il y avait de plus obscur et de moins noble en lui. Quelque chose était mort dans sa vie morale, qu’il ne devait plus jamais retrouver. C’était un de ces naufrages d’âme que ceux qui les subissent sentent irrémédiables. Il avait cessé de s’estimer, après avoir cessé d’estimer sa maîtresse. La Dalila éternelle avait une fois de plus accompli son œuvre, et, comme les lèvres de la femme étaient frémissantes et caressantes, il lui rendit ses baisers.