sur le fronton duquel se lisait une devise latine, jadis gravée en l’honneur du maréchal de Créquy, premier propriétaire de la maison : « Marti invicto atque indefesso. — À Mars invaincu et infatigable. » Les hautes fenêtres du premier étage et du rez-de-chaussée, la couleur ancienne de la pierre, le silence propre de la cour, tout s’harmonisait au caractère des deux habitantes, dont les préjugés étaient infinis. Mme Castel et sa fille croyaient aux pressentiments, à la double vue, aux somnambules. Elles étaient persuadées que l’empereur Napoléon III avait entrepris la guerre d’Italie pour obéir à un serment de carbonaro. Jamais ces deux femmes, si divinement bonnes, n’eussent accordé leur amitié à un protestant ou à un Israélite. La seule idée qu’il y eût un libre penseur de bonne foi les bouleversait comme si on leur eût parlé de la sainteté d’un criminel. Enfin, même le général les jugeait naïves. Pourtant, comme il arrive à quelques officiers que leur vie errante et des timidités cachées sous une apparence martiale ont condamnés à des amours de passage, Scilly connaissait trop peu les femmes pour apprécier combien était réelle cette naïveté et à quelle profondeur d’ignorance du mal vivaient les deux Marie-Alice. Il supposait que toutes les femmes honnêtes étaient ainsi, et il confondait
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