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Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/108

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de ses dernières années, exerceraient sur l’avenir de son correspondant improvisé la plus funeste influence. Il lui répondit, et, plus hardi cette fois, lui envoya des vers. L’ancienne amie d’Alfred de Musset s’entendait en poésie, à peu près autant qu’en politique. En revanche, elle excellait à construire des romans. Elle en bâtit un à propos du jeune rimeur bourbonnais, uniquement parce qu’il avait mis en médiocres stances une pittoresque légende locale. Elle le vit inaugurant en France cette poésie rustique et provinciale dont elle a toujours caressé la chimère. Elle l’encouragea par des éloges, — ces imprudents et dangereux éloges dont les artistes glorieux ne sont pas assez avares ! Ils n’en mesurent pas la portée sur l’imagination des débutants. Un séjour à Nohant, où il fut reçu avec la plus cordiale bonhomie, acheva de tourner la tête à Hector, qui crut à son avenir de poète. Le résultat fut qu’au lieu de commencer, au sortir du collège, ses études médicales, comme le désirait son père, il demanda qu’on lui laissât faire son droit. Il y voyait une occasion de travaux moins précis et qui se conciliaient mieux avec ses secrets désirs. Puis, ce père étant mort presque aussitôt, l’orphelin, libre de sa fortune, — il avait perdu sa mère en bas âge, — réalisa au plus vite le modeste capital que lui laissait le praticien de Chevagnes. Dans cette première ferveur d’espérance, les trois fermes qui devaient, plus tard, constituer la portion solide de sa dot, ne furent épargnées qu’à cause de la difficulté à résilier les baux. Les études de