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Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/252

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âge des fraîches espérances et des radieux commencements, où étaient à présent Reine et Charles, — âge si court, espérances si vite passées, commencements sitôt finis ! Que du moins, ces enfants lui dussent de ne pas perdre, sans en avoir joui, ce point et ce moment de leur jeunesse et de leur amour ! Car c’était bien Charles que Reine aimait. Le père n’avait plus aucun doute maintenant. Il venait de se rappeler, une fois de plus, le regard du jeune homme posé sur sa fille, l’agitation de Reine quand il devait venir, cent petits signes qu’il avait résumés d’un mot, quand il avait dit à sa femme, en parlant des rapports des deux cousins : « J’ai des impressions. » A ce souvenir, tout son sang courut d’un mouvement plus rapide, comme si l’idée de cet amour des jeunes gens l’un pour l’autre l’avait réchauffé en lui communiquant de leur flamme. Il reprit sa marche dans la direction de la rue d’Assas, d’un pas redevenu vif et alerte, et il eut un battement de cœur pour demander au concierge de la maison si M. Huguenin était chez lui ? Il y était. L’émotion du père avait grandi encore, tandis qu’il gravissait l’escalier, au point qu’il fut obligé de s’arrêter, avant de sonner, devant la porte sur laquelle était fixée, par quatre clous, la carte modeste de « Charles Huguenin, avocat à la Cour »… Enfin, il a sonné. Des pas s’approchent. La porte s’ouvre. Il voit apparaître Charles, qui, en le reconnaissant, s’appuie contre le mur, tout pâle, et balbutie, avec un saisissement qui est un aveu : — «