Car c’est oui. Tu vas me dire oui, et que tu épouseras ton cousin… Voyons, si je te le fais demander par ta mère ?… » — « Ah ! » gémit Reine, « jamais maman ne consentira à ce mariage. » — « Mais si elle y consent, je te répète, si elle te le demande elle-même ? Serait-ce oui alors, réponds ? » — « Ce serait oui », dit la jeune fille, si bas que cet aveu de son sentiment pour son cousin et de son renoncement à l’immense sacrifice s’échappa moins comme une parole que comme un soupir ; et, passant ses bras au cou de son père, elle cacha son visage rougissant, mais de pudeur et de joie tout ensemble cette fois, contre l’épaule de l’écrivain vieilli, — cette épaule devenue un peu plus haute que l’autre, à cause des innombrables séances devant la table de travail, la plume en main. Que cette étreinte ressemblait peu au froid baiser du matin, à celui qui avait scellé le consentement de Reine au mariage avec le jeune Faucherot, alors que le père n’était pas loin de croire au plus triste calcul de vanité chez sa fille, et la fille au plus triste aveuglement chez son père, sinon au plus égoïste abandon ! En ce moment, serrés contre le cœur l’un de l’autre, ils goûtaient cette communion absolue de deux âmes dans la tendresse heureuse, — cette absolue fusion que l’amour, avec ses jalousies et les troubles de ses sensualités, connaît si rarement, si rarement même l’amitié, et qui est comme la sainte poésie de la vie de famille, la rançon de ses
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