Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/288

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parmi ceux des convives d’un : « Très élégant dîner chez Madame de Bonnivet, dans son bel hôtel de la rue d’Artois. L’escalier de bois sculpté (une merveille), le salon et la salle à manger (autre merveille) étaient garnis de fleurs et de plantes vertes, les serviteurs poudrés en livrée à la française… » Vous l’avez retrouvé, ce même nom, avant-hier, toujours à la même place des mêmes gazettes, dans le compte rendu d’un concert donné au bénéfice d’une œuvre à laquelle s’intéresse l’excellente duchesse de Contay, et après la formule sacramentelle : « Reconnu dans l’assistance… » Et l’autre soir, si vous avez assisté à la première représentation, au Théâtre-Français, du drame en vers de René Vincy, de cet Hannibal si passionnément discuté, vous avez vu Mme Le Prieux trôner elle-même dans la baignoire de droite, qui appartient, depuis des années, au « service » du célèbre chroniqueur. Elle s’y tenait sur le devant, avec la jeune comtesse de Bec-Crespin, et elle était plus attifée et plus sanglée, plus astiquée et plus ondulée, « plus « belle Mme Le Prieux » enfin, que jamais. Et si le hasard vous avait permis d’écouter les propos qu’échangeaient, dans une baignoire placée précisément en face, les Molan et les Fauriel, venus là aussi tenir leur rang parmi les « personnalités parisiennes », vous eussiez entendu ce monde de tous les artifices et de toutes les parades juger, par la bouche de deux très jolies femmes et des deux madrés artistes, leurs maris, l’héroïque labeur de cette vétérane du bataillon sacré :