m’appeler et me dire, étouffée et implorante : — « C’est toi, Claude… Quel bonheur !… Quel bonheur !… Ne t’en va pas. Nous allons nous promener, et tu m’aideras à cueillir un bouquet de houx… » Et elle répétait : « Ah ! mon petit Claude ! Ah ! quel bonheur !… »
V
… Ici mes souvenirs se brouillent, sans doute parce qu’à la suite de cette scène, comme il est probable, Mme Réal et M. de Norry me considérèrent, pour des raisons différentes, comme un témoin dangereux. Peut-être cette scène les avait-elle simplement rendus plus prudents. Peut-être aussi des pensées plus conformes à mon âge absorbèrent-elles mon attention. Nous approchions de Noël et du jour de l’An, et la curiosité de mes étrennes toutes voisines l’emporta, j’imagine, sur tout autre sentiment. Ce que je me rappelle très nettement, avant l’autre scène à laquelle j’arrive, c’est que mon grand-père m’interrogea en détail sur l’emploi de mon temps dans le jardin, au retour de ma promenade avec M. de Norry et Mme Real. Je lui racontai, non moins en détail, notre cueillette de branches de houx le long du mur du fond, et je ne lui mentionnai même pas le pavillon !… Une invincible pudeur, je ne trouve pas d’autre mot, me ferma la bouche. Je me rappelle aussi que led