Aller au contenu

Page:Bourget - L’Écuyere, 1921.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pomereu ?… Il ne nous faudrait pourtant pas beaucoup d’argent pour vivre heureux en Angleterre, papa, moi et mon mari… Jack garderait la maison d’ici… Un mari ? Aurai-je jamais un mari ? Ce n’est pas à Paris que je le trouverai. Les Français sont si flirt… Comme c’est drôle que le mot anglais serve à désigner une chose qui est si peu anglaise !… Bon !… Un autre auto, un second… » Tout haut : « Du calme, boy, du calme… » Tout bas : « Comme ce pavé de bois de l’avenue Bugeaud est glissant, par ces matins où il y a eu beaucoup de rosée ! Mais le Rhin a le pied très sûr. Décidément, il a tout pour lui, ce petit cheval. Et nous voilà hors de danger… Ce fermier de Brokenhurst ne sait pas l’orthographe, mais comme il s’y entend à choisir des bêtes !… Brokenhurst !… Ah ! quel endroit que cette New Forest !… Oui, c’est là que je voudrais être mariée… Mon mari et mon père seraient associés pour faire de l’élevage. Nous aurions les allées sablées pour nous promener, mon mari et moi. Nous irions à la chasse, l’hiver. En été, nous aurions la mer pour les enfants… Je me souviens comme les grands hêtres noirs étaient beaux, dans cette forêt, quand nous y sommes allés avec maman. Et ces poneys qui se ramassaient par troupeaux dans cette ombre, vers midi, tous la tête contre le tronc de l’arbre !… Ce Bois-ci est tout de même joli, quand c’est le printemps… Bon ! le Rhin a senti qu’il aillait pouvoir galoper. On dirait qu’il connaît déjà l’allée des Poteaux. » Et encore, tout haut : « Du calme, petit… Ne pars pas comme un fou… Attends d’être un peu plus avant dans l’allée… Va, maintenant. Va, mais règle-toi, règle-toi… »

Comme s’il eût compris le petit discours que lui tenait sa nouvelle amie, — il n’était arrivé d’Angleterre que depuis dix jours, cependant, — le Rhin