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Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/12

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serez pour ou contre le divorce, pour ou contre les seconds mariages des veufs et des veuves, pour ou contre l’éducation par l’internat, pour ou contre la recherche de la paternité, pour ou contre l’absolution des féroces vengeances conjugales qualifiées si complaisamment de crimes passionnels. Ces quelques exemples peuvent être multipliés à son gré par le lecteur qu’intéressent ces sortes d’études. Ils suffisent à montrer la complexité singulière de ce problème de l’enfant qui ne résume rien moins que toute la moralité de l’amour. C’est dire que les cas de conscience qui en découlent sont innombrables. Celui qui fait la matière de Terre promise est probablement un des plus communs, un de ceux aussi que l’honnêteté courante résout avec le moins d’hésitation. Un homme a été l’amant d’une femme mariée à un autre. Il a eu de cette femme un enfant inscrit sous le nom de cet autre. Mais il ne saurait douter, il ne doute pas qu’il ne soit le véritable père. Garde-t-il des devoirs envers cet enfant, et quels devoirs ? Garde-t-il des droits, et quels droits ? Est-il coupable de continuer sa vie propre sans en tenir aucun compte ? Le lien mystérieux du sang implique-t-il nécessairement une obligation, latente, si l’on peut dire, et que telle ou telle circonstance découvrira ? Je ne crois pas exagérer en affirmant que neuf hommes sur dix feront à cette