Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la décision qu’il eût certes prévue le moins, quelques heures plus tôt. Il voulut faire une nouvelle tentative pour se rapprocher, non plus de la femme qui lui avait fait si mal ou dont il redoutait la vengeance, mais de la mère inquiète et tendre qui ne pourrait pas refuser pour sa fille si jeune, si dépourvue de défense, le plus désintéressé, le plus sincère des dévouements, le plus légitime. Il essaya de mettre un peu de tout cela entre les lignes d’un billet adressé à Mme Raffraye, — billet plus difficile à composer que le premier, et il n’eut cependant aucun brouillon à déchirer ni à raturer. Un trop puissant désir le dominait à cette minute pour qu’il ne trouvât pas aussitôt le mot le plus juste, le plus capable de toucher celle à laquelle il avait la déraisonnable inconséquence d’écrire. Fallait-il que la démence de l’émotion ressentie eût été et fût profonde pour que sa main n’hésitât pas à tracer les phrases suivantes :


« 24 décembre.

« C’est encore moi qui vous écris, bien que le premier billet que je vous ai envoyé, voici des semaines, soit demeuré sans réponse. J’ai trop compris ce que signifiait ce silence, et vous savez avec quel scrupule