Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/259

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le lendemain, elle ne quitta sa fille d’un pas, sous ce prétexte justement qu’Annette et Catherine se trouvaient occupées à ce hâtif emballage. Elle la conduisit elle-même à la promenade, bien sûre qu’en sa compagnie personne n’aborderait, ne regarderait seulement son enfant. Elle devait avoir trop vite la preuve que ses forces ne lui permettaient pas cette surveillance quotidienne, dont sa jalousie maternelle de ce moment lui faisait presque un besoin. Cette fête de Noël, dont les premières heures avaient été marquées pour elle d’une telle émotion, à cause de la lettre de Francis Nayrac, était tombée un mercredi. Elle devait entrer dans sa villa définitivement le samedi. D’être sortie, deux jours de suite, le matin et après le déjeuner, l’avait épuisée à un tel point que le vendredi elle se sentit trop faible, fût-ce pour une promenade en voiture, d’autant plus qu’un Sirocco s’était levé, un de ces vents que le voisinage trop proche de l’Afrique rend si cruels en Sicile. Ils semblent rouler avec eux toute l’asphyxie brûlante du désert. Après avoir gardé Adèle la matinée entière dans sa chambre, et la trouvant un peu pâle, elle pensa qu’elle ne l’exposerait à aucune rencontre si elle l’envoyait avec le coupé jusqu’à la villa sous la conduite des deux servantes, qui devaient y donner un dernier coup d’œil. Elle eut cependant la précaution de prévenir Annette, à qui elle dit son mécontentement