Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/298

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c’est une remarque banale, depuis qu’il y a des coupables et qu’ils se cachent, la conscience de la faute pousse celui qui l’a commise à des excès de dissimulation toujours voisins de l’imprudence. Qu’il eût mieux valu pour Francis se taire que de prononcer, avec l’accent dont il les prononça, ces mots insignifiants : — « Pauvre femme ! Est-ce qu’on vous a dit quand elle a été reprise ?… La petite fille n’avait-elle pas prétendu l’autre jour que sa mère allait mieux ?… »

— « Au degré où elle est malade, » fit la comtesse, « quelques jours suffisent pour tout changer… »

— « A-t-elle du moins un bon médecin ? » interrogea-t-il encore.

— « Je ne sais pas, » reprit Mme Scilly, « elle a eu Teresi dans les tout premiers commencements de son séjour. Puis elle l’a quitté brusquement pour l’Anglais que recommande votre ennemi Don Ciccio… »

Ce nom de l’hôtelier anglomane servit de prétexte à Francis pour détourner d’un autre côté cette conversation dont chaque mot, presque chaque syllabe, lui était cruelle. Il avait repris la pleine possession de lui-même. Mais l’ombre projetée soudain sur tout son être par la phrase de la comtesse, avait été aussi visible à Henriette que l’était, sur la blanche nappe brillante de cristaux, l’ombre du bras de Vincent en train de