Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les moindres choses vous semblent des signes et grandissent, grandissent… Je suis demeurée très étonnée que vous parussiez troublé par le nom de cette femme que vous ne connaissiez pas. Je n’y aurais pourtant pas pensé davantage si je n’avais, ce matin, rencontré cette petite Adèle avec sa bonne. Il m’a semblé cette fois qu’elle m’évitait, comme si Mme Raffraye avait recommandé que son enfant ne me parlât point… C’était une idée insensée. Je ne sais pas comment j’ai mis ensemble cette défense et l’émotion que j’avais observée ou cru observer en vous… Enfin, tout à l’heure j’étais seule… J’ai vu cette enfant qui jouait dans le jardin et je n’ai pas pu me retenir de descendre afin de lui parler, afin de savoir… Dieu ! Que j’ai honte ! » ajouta-t-elle en se prenant le front dans ses deux mains. « Oui, je suis descendue, je lui ai parlé, et ce qu’elle m’a dit a fini de m’affoler au point que j’ai voulu avoir cette conversation avec vous, là, tout de suite. Je vous en conjure, Francis, ne me laissez pas dans cette angoisse ! Quelle que soie la raison que vous ayez eue pour nous cacher, à maman et à moi, que vous connaissiez Mme Raffraye, que vous l’aviez secourue dans sa crise, dites-la-moi, cette raison… Pensez que je suis votre fiancée, que je vais être votre femme, que j’ai le droit de tout savoir de vous, comme vous avez celui de tout savoir de moi… Mais ce n’est pas au nom de ce