Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/352

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irréparable, une de ces désillusions dans lesquelles tout sombre. Si elle me disait d’une certaine manière qu’elle ne veut plus être votre femme, je sens que je ne pourrais rien sur cette résolution… »

— « Mais vous me rappelleriez, » s’écria Francis, « pour me permettre de plaider ma cause, pour que je lui explique… »

— « C’est mon rôle de mère que cette explication, » interrompit Mme Scilly. « Je vous ai montré assez de sympathie et je vous en montre encore assez en ce moment pour que vous soyez bien sûr de ma sincérité quand je vous affirme que je lui dirai en votre faveur tout ce qui peut, tout ce qui doit être dit, et que vous ne pouvez pas, que vous ne devez pas dire vous-même. De vous à elle, il ne saurait y avoir que son pardon et que votre repentir, sans une parole… »

— « Je vous obéirai, » fit le jeune homme après un silence. Il reprit la main de la noble femme et il ajouta en la lui baisant de nouveau : « En vous confiant toutes mes chances de bonheur, je les confie à ce que je respecte le plus au monde… »

— « Ah ! » s’écria la mère, « si vous l’aviez eue plus tôt, cette confiance, si vous m’aviez parlé dès le premier jour, que de douleurs vous auraient été épargnées, mes pauvres enfants !… »