Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/397

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— « Autant de jours que vous voudrez, maman, » répondit Henriette ; « j’aurai seulement plus souffert, parce que j’avoue que de rester à Palerme au milieu de tant de souvenirs me sera cruel. Mais j’accepte tout de même. Je vous demanderai à mon tour deux choses, si vous voulez m’être bonne comme toujours… »

— « Lesquelles, ma pauvre enfant ? » dit Mme Scilly. « Tu sais si bien que pour te voir heureuse je donnerais jusqu’à la dernière goutte de mon sang… »

— « Eh bien, » reprit la jeune fille, « la première est que nous quittions la Sicile au terme de ces huit jours… »

— « Je le veux bien, » répondit la mère ; « on m’avait donné à choisir entre Palerme et Alger. Nous prendrons le bateau qui va d’ici à Tunis. C’est un voyage très facile, maintenant que je suis remise, et je comprends trop bien que tu ne puisses plus te plaire ici, où moi-même je me sentirais mal à l’aise… Et l’autre demande ?… »

— « Je voudrais, » dit Henriette, « joindre une lettre à celle que vous écrirez à M. Nayrac pour lui annoncer que je lui rends sa parole… »

— « Il en sera encore comme tu le désires, » répliqua la comtesse, « mais j’espère, malgré toi, que j’enverrai à Catane une tout autre lettre, et que nous serons trois à partir pour Alger… »