Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/413

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Le jeune homme resta longtemps à prendre et à reprendre ces lignes si brèves, mais dans lesquelles il sentait réellement la vérité d’une affection qui devait s’être heurtée à une volonté bien inflexible pour n’avoir pas triomphé. Qu’allait-il trouver dans l’autre lettre qu’il n’osait pas ouvrir, tant il redoutait l’impression qu’allait lui donner encore, même dans son chagrin, l’évidence de la métamorphose des sentiments d’Henriette à son égard ? N’allait-elle pas lui être rendue comme perceptible par la manière seule dont sa fiancée l’appellerait ? Il finit par se décider cependant, et voici les pages dont la lecture acheva d’éteindre la faible lueur d’espérance qui aurait pu encore subsister en lui après le billet de la comtesse.


« Palerme, 11 janvier.

« Je viens de demander à mon crucifix le courage d’écrire ce que je dois écrire à celui dont j’ai rêvé de porter le nom, à celui que j’ai aimé comme je n’aimerai jamais plus, et je veux qu’il sache que séparée de lui par la plus irrévocable des résolutions, je ne cesserai pourtant pas de penser à lui comme à ce que j’ai de plus cher après ma mère. Je veux qu’il le