Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/435

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la villa Cyané le professeur Teresi, appelé en consultation par son collègue, le médecin ordinaire de Pauline. Quel effort il lui avait fallu pour aborder cet homme qui s’était trouvé mêlé d’une manière si étroite aux dernières scènes du drame de ses fiançailles rompues ! Il avait triomphé pourtant de cette répugnance, et ç’avait été pour apprendre que le dénouement fatal approchait et que Mme Raffraye n’avait plus que quelques jours, quelques heures peut-être à vivre. Allait-elle mourir ainsi sans lui avoir pardonné ? Que deviendraient ses rapports avec son enfant, avec cette fille que Pauline savait du moins être à lui ? S’il pouvait lui parler une fois encore, la supplier, lui jurer qu’il donnerait toute sa vie à l’orpheline ?… Mais comment être admis auprès d’une mourante quand il n’était même pas reçu à faire les visites de la plus banale politesse dans cette villa autour de laquelle il tournait maintenant, au risque d’être aperçu, des heures entières ?… Il avait hasardé alors la seule tentative qui lui fût permise. À un moment, ayant vu sortir la vieille Annette, celle des deux femmes de chambre qui accompagnait Adèle lorsque la petite fille l’avait surpris au chevet du lit de Mme Raffraye, il l’avait abordée pour lui demander des nouvelles de la malade. La brave créature lui avait répondu avec des larmes, si bouleversée par l’agonie de sa maîtresse qu’elle ne lui avait même