Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/82

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après ce très douloureux effort, ne fut même pas suivie pour le jeune homme par quelques semaines d’un entier repos. Que Mme Raffraye eût fermé sa porte à de Querne, c’était bien une preuve. Même si elle avait été coquette avec Armand, elle préférait Francis. Mais ces preuves-là emportent toujours avec elles cette amertume qu’elles n’abolissent pas le doute sur le passé, sur la période où nous étions jaloux sans que l’on nous cédât encore. Nous n’avons pas assisté à l’entretien à la suite duquel notre maîtresse a consommé une rupture que nous constatons sans être certains que nous en connaissons les secrets détails. Elle nous dit bien les paroles qu’elle a prononcées. Pauline, par exemple, prétendait n’avoir eu qu’à s’adresser à la délicatesse de M. de Querne en arguant de la jalousie de son mari. Mais comment savoir si elle ne taisait rien ? Même la possibilité d’une telle conversation ne supposait-elle pas un mystère entre elle et Armand ? Francis trouva ainsi, comme toutes les victimes de la misérable manie qui le possédait, un principe nouveau de douleur dans le triomphe même de sa tyrannique méfiance. Il ne savait pas, il ne pouvait pas savoir si Pauline n’avait pas été la maîtresse de cet homme qu’il avait tant soupçonné et qu’elle lui avait sacrifié, — mais dans quelles conditions ? Quand on en est à cette halte dans le chemin de croix du soupçon, le