Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/116

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rivale, une autochtone celle-là, et qui, naturellement, haïssait d’une haine féroce la concurrente étrangère. Laurence, jadis, avait porté chez Mme Terras ses premières boîtes. Kitty Béryl, renseignée par des fournisseurs communs, avait su les prix offerts à la jeune fille. Elle avait eu l’art d’entamer avec elle une négociation qui monopolisât à son profit l’adroite élève de lady Agnès. La peur que cette autre araignée ne lui reprît sa mouche la rendit soudain prudente. Les deux femmes avaient passé dans l’arrière-boutique, et Kitty faisait jouer les boutons à lettres du coffre-fort encastré dans le mur.

– « Vous aussi, » dit-elle, « mademoiselle Albani, vous avez votre secret pour ce que vous gardez de plus précieux, n’est-ce pas vrai ? »

Le coffre ouvert, elle prit dans une liasse le billet de cinquante francs qui représentait le prix convenu entre elles deux pour