Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/145

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« Vous n’avez pas trouvé ma mère très gentille ? … Avouez-le, mademoiselle. »

– « Mais Mme Libertat, » répondit-elle évasivement, « a été très polie pour moi. »

– « Oh ! polie ! Elle le serait pour mettre à la porte une domestique qui l’aurait volée. Elle a été élevée comme ça. Mon grand-père était magistrat à la Cour d’Aix. C’était un homme à traditions. Il se croyait toujours au temps des Parlements, je ne l’ai jamais entendu dire tu à ma grand’mère… Mais je sais très bien quand maman est polie et quand elle est gentille. Non, elle n’a pas été gentille, mais pas du tout. Seulement, ce n’est pas une preuve que vous lui avez déplu. Au contraire. Elle vous a trouvée trop bien. Moi qui la connais, voilà ce que je conclus de son attitude… »

Laurence ne répondit pas. Elle était trop fière pour se plaindre d’un accueil qui l’avait moins humiliée qu’irritée contre elle-même.