Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/18

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– « Oui, » répondit son fils à sa remarque, « ça nous fera quatre ou cinq journées au moins. Nous aurons encore le temps de semer les petits pois sans prendre d’homme. Té ! Celui qui a mis le feu à la colline, cet été, nous aura rendu un fier service. »

Le père et le fils se mirent à rire, avec cette joie malicieuse que la constatation d’un mauvais tour, bien joué, donne aux gens de la campagne. Qui les aurait vus ainsi, et la goguenardise de leurs yeux obscurs, aurait pu croire que c’étaient eux les incendiaires. Bien à tort. Antoine et Marius Albani étaient vraiment « braves », comme on dit dans le pays, et d’autant plus incapables de commettre un attentat contre la propriété qu’ils étaient propriétaires eux-mêmes. Ils possédaient deux hectares et demi de bonne terre, avec une habitation spacieuse, sur cette lande qui s’étend de la base du mont des Oiseaux jusqu’à la colline