Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/23

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l’autre était pâle, de cette pâleur chaude et mate qui décèle aussi l’épreuve d’un climat trop brûlant, mais subie en dehors du travail des champs. Ces différences de physionomies étaient rendues plus frappantes par une de ces profondes ressemblances des traits qui supposent une parenté de sang très proche. Laurence et Marie-Louise étaient sœurs, et toutes les deux filles d’Antoine Albani. On l’eût deviné, rien qu’à la complaisance avec laquelle le père regardait l’attelage gagner la lisière du bois incendié. Sa tendresse riait dans ses yeux bruns, pareils à ceux des survenantes. Quoique les soucis de son exploitation et l’excès du labeur corporel l’eussent vieilli prématurément, il gardait de la beauté sur son masque gaufré de rides. Il avait, comme ses filles, – lui en vigueur, elles en joliesse, – ce type classique qui se rencontre sans cesse dans les coins intacts de Provence. C’est un animalisme noble, un dessin des lignes large