Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/321

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fou. Je vous demande pardon. Oubliez-le. »

Il faisait reculer son cheval en parlant, faute d’espace pour tourner sur la mince crête. Pendant cinq minutes, Laurence et Pascal le virent qui contraignait ainsi la bête, écumante et nerveuse, à se retirer jusqu’au terre-plein où le cavalier put enfin faire volte-face, et il partit à toute bride.

– « Laurence, » demanda Pascal après un silence, « il avait donc dit qu’il t’aimait ? »

– « Oui, » fit Laurence, « avant-hier. Il m’avait demandé d’être sa femme. »

– « Et tu m’as préféré ? » interrogea-t-il.

– « Non, » répondit-elle d’un accent profond. Elle le regardait avec des yeux où passait toute son âme, si longtemps troublée par les contradictions de sa destinée, si partagée entre les mirages de la vie que lui avait fait mener la dangereuse charité de sa