avec toutes leurs feuilles, tous leurs parfums, ce vent dans les pins et sur la brousse, qui roulait de la fraîcheur dans du soleil. Elle se revoyait à dix-huit ans. Il y avait trois années de cela. Et elle revoyait l’heure où elle avait, pour la première fois, rencontré lady Agnès Vernham. Laurence était occupée, dans la grange ouverte du rez-de-chaussée de leur maison, à préparer des paniers de violettes, de mimosas et d’œillets, qui seraient expédiés à Paris par le train du soir. Lady Agnès, à qui l’on avait indiqué Antoine Albani comme l’un des bons jardiniers du pays, était venue pour savoir s’il ne lui procurerait pas quelques pieds de mandariniers corses, à planter chez elle. Une enfant l’accompagnait, sa fille, âgée de dix-huit ans, comme Laurence, mais tellement frêle et pâle, que celle-ci, après tant de jours, ressentait encore le frisson de pitié qui l’avait saisie, à voir le jeune et charmant visage de cette condamnée. Millicent
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