Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/71

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bois recollés, les mauvaises chromolithographies pendues de guingois dans leurs cadres décolorés, la toile cirée de la salle à manger où les plats, posés trop chauds, avaient comme imprimé des ronds en creux, les assiettes toutes ébréchées, la façon bruyante et négligée dont le cultivateur et les siens mangeaient et buvaient, – autant de misères que la jeune fille se serait reproché de même remarquer, et elle en tressaillait à son insu. Ce contraste d’atmosphères lui rendait trop présente lady Agnès et sa délicate façon de vivre, et comment ne pas mêler au douloureux regret de la grande amie disparue un soupir vers cette existence comblée, où tant de ses secrets instincts s’étaient satisfaits ? Elle était trop fière pour accepter, une fois rentrée chez ses parents, de vivre à leur charge. Très naturellement, dès le lendemain, elle avait essayé de se remettre au dur labeur de la campagne. L’effort physique et moral lui avait été