Page:Bourget - Le Disciple.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
LE DISCIPLE

long corps et gêné, jusqu’au supplice, de la première phrase à prononcer. Mme Greslou, c’était elle en effet, — lui rendit le service de lui dire aussitôt, en l’abordant :

— « Je suis, monsieur, la personne qui vous a écrit hier. »

— « Très honoré, madame, » balbutia le philosophe ; « je regrette de n’avoir pas été chez moi plus tôt… Mais votre lettre disait quatre heures… Et puis, je sors justement de chez le juge d’instruction, où j’ai été appelé pour témoigner à l’occasion de ce malheureux enfant… »

— « Ah ! monsieur !… » dit la mère en appuyant sa main sur le bras d’Adrien Sixte pour arrêter sa phrase, et lui montrant du regard le commissionnaire qui restait dans l’angle de la porte à tendre l’oreille.

— « Pardon, » fit le savant, qui comprit la cruauté de sa distraction. « Si vous voulez me permettre de passer devant vous pour vous montrer le chemin ? »

Il s’engagea sous la voûte, afin de cacher la rougeur dont il se sentait couvert. Il commença de monter l’escalier que l’obscurité envahissait par cette fin d’un après-midi d’hiver. Il allait doucement, afin de ménager la lassitude de sa compagne qui se tenait à la rampe, comme si elle gardait à peine assez d’énergie physique pour suffire à l’effort de gravir ces quatre étages. Un souffle court,