Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je connais ce trait de son caractère. J’ai prévu du coup dans quelles difficultés nous allions tous être enveloppés… Le mieux, vois-tu, c’est de ne pas nous mêler de ce mariage, dorénavant. »

– « Non, Madeleine, » répondit le mari avec une fermeté singulière, « tu dois t’en mêler au contraire et activement. C’est la meilleure preuve à donner à ta sœur que mes imaginations ont été folles et que je me suis trompé. Tu vois, je dis : à lui donner, car, moi, je n’ai plus besoin de preuves… Si tu échoues dans cette négociation, et que M. Brissonnet ne se décide pas à demander la main d’Agathe, il devra disparaître de notre milieu, ce qu’il ne pourra faire, étant donné le galant homme qu’il est, qu’en s’arrangeant pour éviter les commentaires. Il emploiera le plus sûr moyen, il quittera Paris. Il lui est si aisé de demander du service !… » Liébaut ne vit pas, heureusement pour lui, les mains de sa femme trembler sur l’ouvrage qu’elle venait de reprendre pour se donner une contenance. Il continua : « Devant ce départ, il sera bien difficile à Agathe de t’accuser d’avoir joué le double jeu dont tu parles, puisque ton intervention aura eu pour résultat une absence définitive… Si tu renonces à être son ambassadrice, au contraire, tu devras justifier ce revirement. Quelque prétexte que tu lui donnes, c’est alors qu’Agathe se méfiera. Cette