Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/198

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l’heure devant l’officier. Elle avait débité son mensonge, et elle montait droit au bureau, sans que le valet de chambre pensât une seconde à la suivre. Quelle idée se ferait cet homme en ne la voyant pas redescendre ? Ah ! que lui importait, pourvu qu’elle entendît ?… La voici dans la pièce d’attente, dans le cabinet de consultation… Elle marche vers la porte, derrière laquelle celui qu’elle aime et sa rivale sont en train de causer librement, se croyant seuls… Tous les bruits s’étouffent dans cette chambre aménagée pour assurer le plus complet secret aux confidences des malades… – Une première tenture était fixée sur cette porte de manière à bouger avec le battant. Une seconde tenture en tapisserie retombait de l’autre côté afin qu’aucun éclat de voix ne pût arriver du cabinet au petit salon, ou du petit salon au cabinet. – C’est bien sur cette particularité qu’Agathe avait compté. Ses doigts brûlants écartent la première tenture… Elle tient la poignée de métal de la serrure… Elle presse sur le pêne, lentement, doucement… Elle attire à elle la porte qui vire sur ses gonds avec un grincement, mais si faible !… Elle touche maintenant l’étoffe de l’épaisse doublure de l’autre portière… Elle écoute… C’est Brissonnet qui parle :

– « Alors, si je vous comprends bien, madame, » disait l’officier, « mes assiduités auprès de Mme de Méris auraient été remarquées ?… »