Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/29

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Il est donc deux fois mal élevé, quoi que tu en dises, voilà tout… » Puis, riant aussi : – « Ne me présente toujours pas ce candidat à mine de jaunisse, il n’aurait pas de chances … Je n’ai aucune vocation pour le métier de garde-malade… »

Le train commençait de s’ébranler tandis qu’elle prononçait ces mots de raillerie. Elle envoya un baiser du bout de sa main gantée à sa sœur qui longtemps demeura debout sur le petit quai, maintenant désert, à regarder la file des wagons serpenter dans la vallée.

– « Pauvre Agathe ! » se disait-elle… « C’est pourtant vrai que sa vie est trop triste, trop dénudée. Elle est aigrie quelquefois, bien peu, quand on pense à ce qu’elle a traversé, à ce qu’elle traverse… Ah ! si je pouvais réellement lui trouver ce mari dont elle prétend qu’elle ne veut pas ! … C’est étrange. Elle est si sensible et l’on dirait qu’elle craint de sentir, si aimante et elle a peur d’aimer… »


Cette inquiétude sur l’avenir de sa sœur, Madeleine l’avait ressentie très souvent, et très souvent