Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/141

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laquelle demeurait rue Murillo, près du parc Monceau.— « Non ? Demain alors, et surtout tâchez de ne pas devenir comme lui un coureur de soirées… Avec cela qu’elles sont propres, tes femmes du monde ! … Il y en avait trois qui me faisaient les yeux doux hier au soir… Tenez, voyez sa figure… Vous ne serez pas plutôt parti qu’il se fâchera… Tu ne vas pas te mettre à être jaloux aussi des femmes ? » ajouta-t-elle en allumant une nouvelle cigarette. « Adieu, René. »

— « Elle est comme cela devant vous, » disait Claude en reconduisant son ami, quelques minutes plus tard, jusque dans l’antichambre d’en bas, « mais si vous saviez comme elle peut se montrer gentille, bonne et tendre quand nous sommes seuls ! »

— « Et Salvaney ? » interrogea étourdiment le jeune homme.

— « Hé bien ! » dit Claude en pâlissant, « elle était allée chez lui voir des gravures pour son prochain rôle ; elle m’a juré qu’il ne s’était rien passé entre eux… Avec les femmes, tout est possible, même le bien, » ajouta-t-il en serrant les doigts de René d’une main qui tremblait un peu… « Que voulez-vous ? je la croirai toujours quand elle me parlera avec une certaine voix. »