Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la lecture de cette dernière pièce, elle se disait : « Que je suis sotte de ne pas y avoir pensé plus tôt, » tout en clignant ses paupières comme pour mieux retenir un rêve de beauté. Elle avait prononcé sa phrase avec l’idée qu’il ne laisserait certainement point passer cette occasion de la revoir. Il lui proposerait une expédition ensemble au Louvre, qu’elle accepterait, après s’être savamment et suffisamment défendue. Elle vit la demande sur sa bouche, et aussi qu’il n’oserait pas la formuler. Ce fut donc elle qui continua :

— « Si je n’avais pas peur de vous voler votre temps ? … »

Puis, avec un soupir :

— « D’ailleurs nous nous connaissons trop peu. »

— « Ah ! Madame, » fit le jeune homme, « il me semble que je suis votre ami depuis si longtemps ! »

— « C’est que vous sentez combien peu je suis coquette, » répondit-elle avec un bon et simple sourire. « Et je vais vous le prouver une fois de plus. Voulez-vous me montrer le Louvre un des jours de la semaine qui vient ? »