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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/279

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révélait un trouble tel qu’il en demeura soudain bouleversé.

— « Hé bien ? » articula-t-il avec angoisse.

— « C’est fait, » dit-elle à mi-voix. « Ah ! René, je ne la connaissais pas ! … »

— « Qu’a-t-elle répondu ? »

— « Pas un reproche, » reprit Émilie, « mais des larmes ! Des larmes ! Ah ! quelles larmes ! … Comme elle t’aime ! … Sa mère était sortie avec Angélique… vois quelle ironie, pour aller acheter les provisions du dîner de samedi… C’est moi qui n’irai pas à ce dîner-là… Quand Rosalie m’a ouvert la porte, j’ai cru qu’elle se trouverait mal, tant elle est devenue pâle… Je ne lui avais pas dit un mot, qu’elle avait tout deviné. Elle est comme moi avec toi. Elle a la seconde vue du cœur… Nous sommes entrés dans sa chambre… Il n’y a que toi dans cette chambre, et tes portraits, et des souvenirs qui se rattachent à des promenades que nous avons faites ensemble, et des gravures des journaux illustrés sur ta pièce… J’ai commencé de lui faire ton message, si doucement, je te jure. J’étais aussi émue qu’elle… et elle me disait : — Il est si bon de vous avoir choisie pour me parler ! Au moins vous ne me trouverez pas folle de l’aimer comme je l’aime…— Elle a dit encore : — J’y étais préparée depuis longtemps. C’était trop beau… Et aussi : —