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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/388

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— « C’est vrai, » répondit le jeune homme, et aussi honteux que si c’eût été lui le coupable, il balbutia plutôt qu’il ne prononça les mots suivants : « Colette m’a dit tenir de Claude que tu étais… Non ! je ne peux pas l’articuler… enfin, que Desforges… »

— « Encore Desforges, » interrompit Suzanne en souriant avec une douce ironie, « mais c’est trop comique ! … » Elle ne voulut pas que René formulât l’accusation qu’elle devinait maintenant. Sa dignité de maîtresse ne devait pas descendre à une telle discussion. « On t’a dit que Desforges avait été mon amant, qu’il l’était encore, sans doute… Mais ce n’est même plus infâme, tant c’est bouffon.— Pauvre vieil ami, lui qui m’a connue haute comme cela… Il était toujours chez mon père. Il m’a vue grandir. Il m’aime comme sa fille. Et c’est cet homme-là ! … Non, René, jure-moi que tu ne l’as pas cru… Est-ce que j’ai mérité que tu me juges ainsi ? … »