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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/412

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passera sur lui sa colère. Car avec ces équitables personnes, c’est toujours à celui qui reste de payer pour celui qui s’en va. Mais qu’avez-vous ? … »

— « Rien, » dit René à qui Claude venait de faire mal en prononçant le nom haï du baron, « je pense que vous avez raison, et je quitterai Paris demain sans la revoir… »

C’est sur une phrase pareille que les deux amis se séparèrent. Claude avait voulu reconduire son ami jusqu’à la rue Coëtlogon. Il lui serra la main devant la grille, en lui répétant :

— « J’enverrai Ferdinand dès le matin s’informer de l’heure où vous partez. Le plus tôt sera le mieux, et sans la revoir, surtout, sans la revoir ! »

— « Soyez tranquille, » répondit René.

— « Le pauvre enfant ! » songea Claude en remontant la rue d’Assas. Il marchait lentement du côté des fiacres qui stationnent le long de l’ancien couvent des Carmes, au lieu de reprendre le chemin de sa propre maison. Il se retourna pour vérifier si réellement son compagnon avait disparu. Il s’arrêta quelques minutes, en proie à une visible hésitation. Il regarda le cadran de la guérite de l’inspecteur, et put y voir que l’aiguille marquait dix heures un quart.

— « Le théâtre commence à huit heures et demie, le temps de changer de costume… Bah ! » continua-t-il tout haut en se parlant à