Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/89

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paquet des lettres où il me raconte ces histoires… Ce qui ne l’empêche pas de s’enivrer comme un Templier, sous prétexte de me fuir… C’est moi qui l’ai fait jouer, peut-être, et boire, n’est-ce pas, et se piquer avec de la morphine ? … Allons donc ! … » et elle haussa ses jolies épaules, puis gaiement : « La comtesse nous fait signe, il ne reste que les intimes et nous… Salvaney, votre bras, et allons souper. »

Le temps avait en effet passé à travers ces présentations successives, et René, que cette phrase de Colette réveilla soudain de son ébahissement, put voir que le nombre des personnes demeurées dans les salons était très diminué. La comtesse n’avait guère convié plus d’une trentaine de ses hôtes au souper qui devait terminer la soirée. Elle donna elle-même le signal de monter jusqu’à l’étage supérieur où ce souper était préparé, en prenant le bras du plus important de ces invités, un ambassadeur alors très à la mode dans ce Paris élégant et qui s’amuse. Les couples se formèrent et leur défilé s’engagea derrière elle, dans un escalier tout étroit, que décoraient des bronzes et de merveilleuses sculptures sur bois rapportées d’Italie. On arriva ainsi dans une espèce de galerie qui tenait à la fois du boudoir, par le détail fantaisiste de son ameublement, et du salon par son ampleur. Dans