Vers le lac infini roulait ses ondes lentes.
Majestueux, pareil au bleu lotus du ciel...
Quelle large et puissante évocation du Gange
sacré, puis, tout de suite, quelle peinture des
hôtes dangereux ou gracieux de cette rive !...
Parfois un éléphant songeur, roi des forêts,
Passait et se perdait dans les sentiers secrets,
Vaste contemporain des races terminées,
Triste, et se souvenant des antiques années.
L’inquiète gazelle, attentive à tout bruit,
Venait, disparaissait comme le trait qui fuit.
Au-dessus des nopals bondissait l’antilope,
Et, sous les noirs taillis dont l’ombre l’enveloppe.
L’œil dilate, le corps nerveux et frémissant,
La panthère à l’affût buvait leur jeune sang.
Et pour conclure il montre d’un coup l’intime
union de cette nature et du panthéisme primitif :
Telle la Vie immense, auguste, palpitait,
Rêvait, étincelait, soupirait et chantait.
Tels les germes éclos et les formes à naître
Brisaient ou soulevaient le sein large de l’Être.
À ce degré de vision, la loi scientifique qui
établit la relation de l’esprit et du climat cesse d’être
une simple affirmation abstraite. Elle s’anime, et
nous sentons peser sur nous la formidable
pression sous laquelle le cœur de l’homme a ployé