Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/122

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i dont elle portait le nom. Laisser savoir à sa mère ce que lui avait révélé cet homme, c’était la jeter toute vive en proie à cette haine, l’enfant le comprit. Le sacrifice qu’elle avait résolu, jamais Mme Nortier n’y consentirait si elle en connaissait les vrais motifs. Une scène éclaterait entre les époux, qui aurait pour dénouement ce scandale que Béatrice voulait à tout prix éviter, et le déshonneur de cette mère si passionnément aimée. La jeune fille entrevoyait cette conséquence plus terrible encore : une crise mortelle dans la maladie dont était atteint son vrai père. Il lui était sacré maintenant… Soutenue par le sentiment tragique de cette double responsabilité, elle eut le courage, une fois levée, de marcher elle-même au-devant du danger, et elle entra chez Mme Nortier, comme elle faisait chaque matin, avec un sourire sur ses lèvres qui tremblaient un peu. Elle savait d’avance qu’il se jouerait là, dans ce premier échange de regards, le coup décisif. Sa mère devinerait qu’il s’était passé quelque chose. Elle la questionnerait. La courageuse fille avait préparé sa réponse. Aurait-elle l’énergie nerveuse de la proférer ? — « Comme