Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/146

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payant pour le crime, et de la victime substituée : " Quœ non rapui, tune exsolvebam, » dit le Livre, — « j ai rendu ce que je n’ai pas volé…" On juge bien que ces deux points de vue, l’un tout naturaliste, l’autre mystique, n’étaient pas ceux de la jolie Camille Favier et du sire de Longuillon, devenu récemment, de par la mort de son oncle, le prince de La Tour-Enguerrand. Il était trois heures de l’après-midi, et ils se retrouvaient, en tête à tète, dans le petit salon-fumoir où s’était brocanté ce mariage, qui avait dû, tout ensemble, ouvrir au brasseur d’affaires les portes du Jockey, assurer sa vengeance contre trois êtres qu’il haïssait et inaugurer la restauration du castel féodal des La Tour-Enguerrand. Le mariage avait eu lieu, — c’était le seul point du programme qui se fût réalisé. En dépit d’un parrainage de premier ordre, le cercle de la rue Scribe était demeuré fermé au châtelain de Malenoue, privé pour toujours de l’insigne honneur de lire son nom suivi du J de ses rêves dans les annuaires élégants. Et depuis gue le vieux gentilhomme était allé rejoindre, au cimetière de Picpus, les La Tour-Enguerrand guillotinés en 1793,